Professeurs d’école en détresse… Appel à témoins.

C’était la rentrée. Tout allait bien… enfin presque: l’école espérait l’ouverture d’une classe supplémentaire; tout le monde était aux 400 coups: les élèves, les parents d’élèves, l’équipe municipale, l’équipe enseignante …. La réponse devait arriver ce soir-là, de la part de l’Inspection de l’Éducation Nationale Française, à 18 heures. Certains parents étaient restés dans l’école pour veiller au grain, tenter d’en savoir plus et faire pression.

L’inspecteur de secteur est même passé compter lui-même les élèves pour en vérifier le nombre exact (c’est dire la confiance que l’on inspire à notre hiérarchie!!)

Fébrilité, attente, impatience, doutes donc, car, on ne s’en rend pas forcément compte, mais une classe et une salle de plus dans une école de la banlieue bordelaise, c’est un grand chamboulement: la donne n’est pas la même dans la mesure où les classes sont un peu moins surchargées (le CP passerait de 30 élèves à 24 par exemple et la répartition serait totalement modifiée) et l’achat express de mobilier scolaire devenait urgente.

Mais l’ambiance était excellente car tout le monde était conscient que les efforts de chacun permettaient d’adoucir la suite… On sentait comme un air de fête, la tension en plus, qui montait, insidieusement.

On a donc repoussé les meubles, au cas où…

Au cas où une neuvième classe serait créée, serait accordée…

Nous étions une trentaine d’écoles dans ce cas sur le département, et seulement une dizaine devait bénéficier de moyens dits « corrects » pour enseigner.

On a toutes travaillé d’arrache-pied pour aménager un espace dans ce bâtiment trop petit (exit la bibliothèque d’école qui a trouvé sa place dans la salle informatique, dont on ne pouvait, hélas, pas repousser les murs…)

On a toutes, ensemble, réfléchi à une nouvelle répartition des élèves qu’engendrerait une classe supplémentaire, en fonction de leur niveau, de leurs atomes crochus, de leur caractère, de leur capacité à être autonomes (les cours de niveau double étaient nombreux).

On a préparé cette rentrée dans l’attente, dans l’espoir, mais aussi dans l’angoisse…

On a même commencé à travailler avec huit classes, comme si de rien n’était, tout en sachant, tous, que la situation pouvait basculer ce vendredi soir, quatre jours après la rentrée.

La mairie a attendu, dans le même état d’esprit, le dernier moment (économies et prévoyance obligent) pour commander le mobilier nécessaire en cas d’une neuvième classe.

En un mot, on a tous et toutes passé une fin de semaine de rentrée, exténués, vidés. Dans l’attente… d’une sentence (débrouillez-vous et restez dans votre mouise) ou d’une décision qui nous paraissait évidente et qui permettrait de travailler dans de meilleures conditions. (à suivre)

V.D.