Le choix des gouvernants français est de permettre la sortie de leur domicile aux français, à partir de lundi 11 mai 2020.
Nous sommes à l’heure du retour des écoliers français et à celui des travailleurs adultes de France, in situ. La question est maintenant la suivante: que faire raisonnablement selon les connaissances actuelles?
Les connaissances, les paramètres et les critères pour un retour sur le terrain en France restent encore très flous. Ne faudrait-il pas attendre de vraies solutions avant de donner le feu vert? Les écoliers se posent les mêmes questions que leurs parents, ils sont loin d’être bêtes, mais ils font confiance aux adultes. Adultes munis d’une information limitée, adultes parents, adultes travailleurs, adultes fragiles: les citoyens ne cessent de se poser des questions. Et ce sont les mêmes questions que se posent les dirigeants de la France. Presque les mêmes questions que se posent les chercheurs, de toute nationalité: que sait-on réellement pour permettre ce déconfinement?
Les écoles, les milieux professionnels, les transports, les commerces, les lieux de cultures: tous à la même enseigne. Faut-il reprendre le chemin de la vie « normale », le chemin habituel de notre vie d’avant?
Prise de température, gel hydroalcoolique, masques, distanciation de sécurité… des mesures qui ne sont peut-être pas suffisantes aussi bien dans les écoles, que dans la rue ou encore dans les commerces. Mais, dans l’état actuelle des choses, ne vaut-il pas mieux rester chez soi plutôt que prendre les transports, pour poursuivre le principe de précaution? Acheter pour vivre, oui; dépenser pour des besoins non vitaux, se déplacer, se rendre sur son lieu de travail ou d’études, non, pas tous et pas forcément. Nicolas Hulot a présenté une autre manière de procéder, avec « le juste échange », à écouter dans le Grand Entretien de France Inter, le 6 mai 2020. Un autre monde, à l’écoute des citoyens et de ses réels besoins.
Le temps est venu d’agir et d’apprendre de nos erreurs
L’ancien ministre de l’Écologie, Nicolas Hulot, appelle grâce à sa fondation éponyme et avec le Monde, Brut et sur France Inter, mercredi matin et dans une tribune intitulée « Le temps est venu » au « juste échange » pour remplacer le « libre échange » qui « compromet notre propre futur ». « Entre un protectionnisme qui pourrait ressembler à du nationalisme et le néo-libéralisme qui a commis les excès et les affres que nous connaissons, il y a une troisième voie. Dans le juste échange, on peut échanger nos vertus au lieu d’échanger nos vices ». Un déconfinement et un monde différent sont décrits avec les 100 principes et les cinq propositions à élaborer dans un élan collectif.
Dans le doute, en terme de santé; il faut s’abstenir si on le peut et surtout, l’économie doit passer ensuite
Pour prendre un nouveau départ dans ce monde pollué uniquement par le coronavirus-COVID19, la réflexion devrait partir de l’humain avant l’économie. Hélas, la France n’a pas pris ce chemin et les français ne sont pas dupes: l’Etat pousse tous les citoyens au travail. Par conséquent, il propose aux parents, indirectement et sans prendre ses responsabilités, de déposer leurs enfants à l’école pour leur permettre de se rendre sur leur lieu de travail. Or, pour ceux qui le peuvent, pourquoi ne pas rester en télétravail? La vraie question, en ces temps de sortie risquée, n’est-elle pas de se demander: comment mieux réfléchir, en s’unissant pour ne pas avoir peur de l’avenir? Pourquoi n’attend-on pas des certitudes au lieu de mettre les citoyens, dont des enfants, dans l’arène?
Le sacrifice humain, après le sacrifice écologique au nom de l’économie actuelle vaut-il la peine? Trop de questions, trop d’incertitudes, trop de risques sanitaires…
Le déconfinement en France n’a pas été assez longuement et mûrement réfléchi. Rien n’a été suffisamment anticipé et c’est la raison pour laquelle ce pays qu’est la France, ce pays de luxe, de libertés, est devenu celui de l’irresponsabilité… Il est encore temps de se reprendre, après les errements précédents. L’économie ne doit plus justifier les prises de décisions. L’économie n’a plus le droit de décider pour l’Homme. Elle ne doit pas être l’unique raison du déconfinement, tous azimut, après les ravages du virus COVID 19, qui n’a certainement pas dit son dernier mot. C’est la santé, et uniquement la maîtrise des risques, qui doit permettre à tous de prendre sa décision. Vivre, c’est prendre certains risques, mais ils doivent être mesurés. Ce n’est pas sortir sans savoir, dans l’incertitude. Reprendre le cours habituel du fleuve ne doit pas être suivi de la même manière qu’auparavant. Dans le doute, abstiens-toi et dis que tu ne sais pas, au lieu de faire croire que tout va bien. Et prends tes décisions pour toi, mais aussi pour les autres. Que ceux qui peuvent, veulent et doivent reprendre la route, qu’ils le fassent, mais en tout état de cause. « Qu’est ce qui est vertueux et qu’est ce qui est toxique? » nous souffle Nicolas Hulot en évoquant le retour à la vie normale…
Prendre le temps, se donner le temps de réfléchir
Il n’y pas urgence, il faut juste prendre son temps et se poser, avant de prendre une décision. Se poser les bonnes questions et agir en fonction de sa conscience et de la volonté de changer sa vie. Nos dirigeants n’ont pas mis à profit le temps qu’ils ont eu pour prendre les bonnes décisions, alors ne les imitons pas. Le temps est là pour peser les arguments et tirer des leçons. C’est le moment de prendre les décisions qui conviennent pour soi, il est temps de se poser les bonnes questions et d’y répondre. Ce ne sont pas aux autres de décider pour nous, mais c’est à nous d’agir. Maintenant.
Le monde est mené par les plus riches, par les plus puissants, minoritaires et non représentatifs. C’est la fin de ce monde. Un monde meilleur par définition doit émerger.
Valérie Doulevant
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