Marin Ledun, auteur présent à Fargues St Hilaire

« Salut à toi, ô mon frère » de Marin Ledun sort aujourd’hui. Interview de son auteur, présent ce samedi 12 mai 2018 au salon du polar de Fargues Saint Hilaire.

Marin Ledun, est l’auteur d’une quinzaine de romans, dont Au fer rouge, (sur la lutte antiterroriste en Pays basque nord en 2004) : sélection Grand prix de littérature policière 2015 et Prix Polar des lectrices de Elle 2016 ; L’Homme qui a vu l’homme, (sur les disparitions en Pays basque nord, pendant la lutte antiterroriste, en 2009) : Prix Amila-Meckert 2014 ; Dans le ventre des mèresLes Visages écrasésadapté sous le titre de Carole Matthieu, en 2016 pour Arte, par le réalisateur Louis-Julien Petit, avec Isabelle Adjani (un médecin du travail en centre d’appels évoque le stress dans l’organisation du travail, Valence, 2008-2009) : Trophée 813 du roman français 2011, Grand Prix du roman noir 2012 du Festival International du film policier de Beaune, Prix des lecteurs du Festival de Polar de Villeneuve-lès-Avignon 2012 ; La Guerre des vanités : Prix Mystère de la critique 2011 ; En douceéditions Ombres Noires : Prix Transfuge du meilleur Polar 2016 et son dernier, une comédie policière pétillante et rythmée qui sort aujourd’hui 3 mai 2018: « Salut à toi, ô mon frère ».

Roman de Marin Ledun sorti le 3 mai 2018

Marin Ledun,, auteur Photo: Valérie Doulevant

  • Marin Ledun, pouvez-vous vous présenter succinctement, à votre manière?

Ardéchois de naissance et d’enfance, je suis l’aîné d’une famille de six enfants. Je vis dans les Landes, quelque part au milieu d’une forêt de pins, avec les miens, loin du tumulte de la ville et je suis heureux.

  • Comment êtes-vous tombé dans la marmite de l’écriture et plus particulièrement dans celle du polar?

Par hasard. D’abord par la lecture, puis, vers l’âge de trente ans, en écrivant quelques lignes qui devinrent mon premier roman et dont on m’expliqua qu’il s’agissait d’un roman noir (ce qui est différent d’un polar). Depuis, je n’ai pas arrêté et douze ans plus tard, l’écriture est devenu mon métier.

  • D’où viennent vos idées et comment construisez-vous vos romans?

De la vie. Des gens. De mes lectures. De ma curiosité. Des questions que je me pose et auxquelles je n’ai pas de réponse. A partir de là, je lis, beaucoup, j’observe, j’écoute, je travaille à l’élaboration d’une histoire, de personnages pour l’incarner, et d’un style, d’un angle de vue pour les mettre en scène. Cela me prend plusieurs mois, voire plusieurs années.

  • Dans quelle mesure la vie quotidienne et votre vie personnelle vous inspirent-elles?

La vie quotidienne, dans la mesure où j’écris du roman noir, c’est-à-dire des romans réalistes qui parlent du monde dans lequel nous vivons. Mes personnages évoluent donc dans un monde, une vie quotidienne que nous connaissons toutes et tous. Quant à ma vie personnelle, elle n’apparaît absolument pas, ou par touches microscopiques que seuls ceux qui me connaissent perçoivent. Exception faite peut-être de mon dernier roman, Salut à toi ô mon frère, qui met en scène une famille idéale qui a beaucoup de points communs avec ma propre famille.

  • En quoi vos études en économie et en sciences de l’information et de communication jouent-elles sur l’écriture de vos romans?

Sans doute dans mon souci de la précision des rapports sociaux, des liens qui unissent les individus. C’est sans doute pour cela que j’écris du roman noir social et non du polar.

  • Pourquoi vous intéressez-vous beaucoup au pays basque et situez-vous vos histoires dans le sud-ouest?

En réalité, mes romans se situent pour moitié dans ma région d’origine, Rhône-Alpes, l’Ardèche et l’Isère, dont mon dernier, Salut à toi ô mon frère, et pour moitié dans ma région d’adoption, les Landes et le Pays basque. Ce qui est une façon de dire que mes histoires s’enracinent dans des lieux que je connais très bien. Parce que je connais les gens. Parce que j’en fais partie. Parce que tout est lié, culture, individus, groupes, territoire, géographie, etc.

  • Comment écrivez-vous (horaire, matériel, lieu, contraintes, besoins, « manies », ambiance…)?

Rien de bien original dans ma façon de faire : assis face à mon ordinateur, chez moi, parmi les gens que j’aime, et la journée. Point de contraintes, de besoin, de manies, etc. Dans mon élément.

  • Quels sont les événements et rencontres marquants de votre vie ayant joué sur votre carrière littéraire?

Tous ! Forcément. Quelques-uns tirés au hasard du chapeau : ma démission de France Télécom en 2007, la rencontre avec celle qui partage ma vie depuis plus de vingt ans, la découverte d’Erskine Caldwell et de Jules Verne quand j’avais 12 / 13 ans, GB84 de David Peace quand j’en avais trente, les centaines de personnes formidables rencontrées au fil des années dans les salons « polar », bénévoles, passionnés, éditeurs, correcteurs, auteurs, spécialistes, profanes, élèves, détenus, bibliothécaires, libraires, etc., qui m’ont fait comprendre à quel point le livre est précieux, subversif et essentiel à nos vies et qui m’insufflent l’énergie de continuer à écrire.

  • Êtes-vous un « romancier engagé »? Voulez-vous interroger le lecteur sur notre société?

Non. Je suis un individu engagé, mais mes romans ne parlent pas de mes engagements privés. Mes histoires mettent en scène des gens. Elles sont politiques dans le sens où elles traitent de ce qui ne fonctionne pas dans nos sociétés ou ce qui pose problème. Elles posent les questions que je me pose. Ma démarche est engagée : écrire, quand on ne fait pas du divertissement pur, c’est politique et subversif, mais mes romans sont simplement des histoires d’hommes et de femmes, de vous et de moi, de nous.

  • Qu’est ce qui vous plait dans les divers salons du livre fréquentés? Dans celui de Fargues en particulier?

Comme je l’ai dit plus haut, c’est l’investissement des gens qui organisent ces salons, et Fargue en est un formidable exemple, la foi qui les anime en ce que la culture est quelque chose d’important, de subversif, de riche, qui doit être partagé, qui lie les individus entre eux. Ce n’est pas juste quelques histoires pour frissonner, légères ou violentes, mais une part importante de nos vies.

  • Que ressentez-vous quand vous rencontrez vos lecteurs?

Beaucoup de timidité.

  • Quels sont vos projets?

Vivre et écrire le plus longtemps possible. Et partir vivre aux Marquises dès que je le pourrai.

Entretien mené par Valérie Doulevant