Jean-Marie Bigard, signant des autographes près de Bordeaux, samedi dernier
Photo: Valérie Doulevant
BIGARD: VIN, VULGARITE, INVINCIBILITE…
Toujours égal à lui-même, en cette soirée du samedi 16 novembre 2013, Jean-Marie Bigard s’est produit sur la scène de la Coupole de St Loubès, en Gironde.
N°9 et rire gras
Pour son 9ème spectacle, entre sexe, pipi, caca et autres «grossièretés savamment saupoudrées» tout au long de cette soirée, Bigard n’a pas beaucoup étonné le public bordelais… Néanmoins, on peut retirer de cette heure et demi de sketchs « bigardiens », outre une ambiance bon enfant, une préoccupation sur quelques notions existentielles, façon Bigard.
Préoccupation récurrente: le temps
Humoriste réputé vulgaire et trivial, Jean-Marie Bigard a parfois entraîné ses spectateurs dans une réflexion légère sur le temps qui passe.
Agaçant : « Bon, voici ma main » commence t-il sa prestation sur scène, mais derrière le rideau encore tiré, « Regarde-la bien ! En voici une autre, celle de Jean-Mi. » Et de bouger la dite main, de les comparer, il en vient à dire que « Trois minutes se sont déjà écoulées depuis le début. » Et comme le spectacle dure 1h25 environ, il ne reste plus qu’une heure et 22 minutes! Il s’en vante au grand désespoir de son public ! Philosophe : « Quand vous allez mourir, vous allez voir défiler toute votre vie devant vos yeux en une seconde, pfuit… Et là, vous allez revoir mon spectacle encore une fois, et gratuitement cette fois! » [rires…] Décalé : Un copain, il s’est jeté du haut de l’immeuble parce qu’il croyait à ma théorie du : « Tant que je ne m’inquiète pas, tout ira bien ! » Logique : « Tu vieillis moins vite quand tu es en mouvement ! », en prenant l’exemple de la dilatation du temps.
« La crotte qui a obtenu la note 9.95, même par le juge russe d’habitude si sévère! »
Au-delà des rubriques, telles que « Ne pas s’inquiéter » (anticiper un malheur n’arrange rien), « Les pickpockets susceptibles » (mise en garde envers les usagers du métro, qui ne doivent ne pas tenter les chapardeurs : monde à l’envers !), « Les toilettes » (crotte dauphin notée 9.95 ou la crotte récalcitrante qui guette tout un chacun) les histoires de Bigard donnent lieu au rire un peu gras soit, à l’offuscation de ces dames, mais on sent un homme attentif, observateur et songeur… Un Bigard qui donne l’impression d’avoir besoin de se sentir aimé (ou le feint-il ?), de se sentir apprécié et qui réclame son compte d’applaudissements et d’encouragements.
Jouir de la Vie; Toucher; Positiver…
Le public est venu nombreux à la rencontre d’un humoriste moqueur mais pas méchamment, plutôt tourné vers la dérision de la nature humaine et a découvert un homme qui aime le contact : une bise par-ci, une poignée de main par là… A la fin de sa prestation, , Jean-Marie Bigard souhaite à tous avant tout, sincèrement, de profiter de la Vie. Il salue en proposant à son public de jouir de la vie. «Faites-moi plaisir, Mesdames et Messieurs, quand vous allez vous endormir, ce soir, après les p’tits mots gentils, hein, « Ta gueule ! » essayez de ne penser qu’à des belles choses, j’te jure que ça marche… qu’à des choses positives pour le lendemain, tu vois ? »
Capable d’autre chose?
On souhaiterait toutefois deux précisions:
Fait-il toujours le pitre avec plaisir? Quand on sait qu’il joue les mêmes sketchs depuis des mois à travers la France, connait-il chaque fois la même jouissance de se produire ?
D’autre part, est-il naturellement grossier ? Bigard pourrait-il un jour faire rire sans choisir la facilité, à savoir une certaine correction dans le langage?
Il semble avoir le talent, la verve et l’imagination…
Mais, ces questions sont restées en suspens, car Jean-Marie Bigard a dû quitté rapidement la Coupole pour aller se sustenter: étant diabétique, il est tenu de respecter certains horaires que son corps lui impose.
Valérie Doulevant
